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blement recommandables, comme plusieurs d’entre nous en peuvent témoigner. Quoi qu’il en soit, miss Ophélia n’en savait pas davantage ; elle se mit donc de tout cœur à sa petite païenne, résolue de déployer en sa faveur tout ce que pourraient le zèle et la vigilance.

L’enfant avait été présentée dans la maison comme la propriété de miss Ophélia ; celle-ci la savait mal vue à la cuisine, et choisit en conséquence, pour centre de ses opérations, sa propre chambre ; sacrifice qui sera peut-être apprécié par quelques-unes de nos lectrices. Au lieu, comme par le passé, de faire elle-même son lit, de balayer, en dépit des offres empressées de toutes les femmes de chambre du logis, d’épousseter à son plaisir, elle se condamna à enseigner à Topsy ces divers exercices. Ô malheureux jour ! celles qui ont entrepris pareille tâche peuvent seules en comprendre les misères.

Miss Ophélia, dès le premier matin, s’établit dans sa chambre, y confina Topsy, et commença avec solennité son cours d’enseignement.

Voilà donc Topsy lavée, récurée, tondue de toutes les petites queues, orgueil de son cœur, et revêtue d’une robe propre, d’un tablier bien empesé, debout révérencieusement devant miss Ophélia, avec une expression lugubre, tout à fait convenable pour un enterrement.

« À présent, Topsy, je vais vous montrer comment on fait un lit. Je suis vétilleuse pour tout ce qui concerne mon coucher. Il faut vous y prendre exactement comme moi.

— Oui, ma’am’, dit Topsy avec un profond soupir, et la face de plus en plus allongée.

— Voyez, Topsy, voilà le drap ; ceci est l’ourlet : là est l’envers, ici l’endroit ; vous le rappellerez-vous bien ?

— Oui, ma’am’, et Topsy soupira de nouveau.

— Bon ; maintenant le drap de dessous doit être tourné très-uni par-dessus le traversin, — de cette façon ;