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achetés, vendus, parqués, nourris, dressés à une précision militaire, exploités comme autant de bêtes à cornes ; — le problème, sans cesse renaissant, d’en obtenir tout le travail possible en réduisant le plus possible les jouissances les plus communes de la vie ; la nécessité de surveillants, de commandeurs ; l’indispensable fouet, premier, dernier et unique argument : — tout cela m’était nauséabond ; et quand je pensais à l’estime que faisait ma mère d’une pauvre âme humaine, oh ! alors, c’était effroyable !

« Qu’on ne vienne pas me dire que les esclaves jouissent de cet état de choses ! je n’ai pas la patience d’entendre les incroyables sottises que débitent quelques-uns de vos protectionnistes du Nord, dans leur zèle à justifier nos péchés. Nous savons à quoi nous en tenir. Oser prétendre qu’un homme vivant peut se complaire à travailler tous les jours, depuis l’aube jusqu’à la nuit, sous l’œil constant d’un maître, sans pouvoir se permettre un seul acte de sa volonté propre, sans cesse appliqué à la même fatigante et stérile besogne, le tout pour deux pantalons et une paire de souliers par an, et juste assez de nourriture et d’abri pour le maintenir sur pied : c’est par trop abuser aussi de la parole ! Un homme qui soutient que des créatures humaines peuvent, en général, s’accommoder de cette façon de vivre tout aussi bien que d’une autre, mérite d’en essayer. Pour mon compte, j’achèterais le misérable, et le mettrais à la tâche, sans le moindre remords.

— J’avais toujours supposé, dit miss Ophélia, que vous autres gens du Sud approuviez ces choses, et les croyiez justifiées par la sainte Écriture.

— Mensonges ! nous n’en sommes pas encore réduits là. Alfred, qui est un despote des plus déterminés, n’a jamais eu recours à ce genre de défense. Non ; dans son orgueil il se tient de pied ferme sur ce bon, vieux et respectable terrain, le droit du plus fort. Il dit, avec assez