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tact nécessaire pour élever. Sans user de sévérité, et avec une facilité apparente, elles gouvernent les différents sujets de leur petit royaume, tirant parti même des défauts, et compensant ce qui manque aux uns par ce que les autres ont de trop, de manière à créer un système des plus harmonieux et des mieux ordonnés.

Madame Shelby, que nous avons vue à l’œuvre, était une de ces excellentes maîtresses de maison, telles que nos lecteurs en ont peut-être rencontré une ou deux. Rares partout, elles ne sont pas communes dans le Sud, où cependant elles se trouvent quelquefois, et où l’état social leur offre de brillantes occasions de se signaler.

Marie Saint-Clair n’était pas de ce nombre. Elle n’avait jamais, non plus que sa mère avant elle, pris grand souci de sa maison. Indolente et puérile, imprévoyante et désordonnée, elle avait élevé ses domestiques à son image, et sa description à miss Ophélia du profond désordre de son intérieur était parfaitement juste ; seulement elle ne l’attribuait pas à sa véritable cause.

Le premier jour de sa régence, miss Ophélia était debout à quatre heures du matin. Après avoir vaqué à l’arrangement de sa propre chambre, ainsi qu’elle l’avait toujours fait depuis son arrivée à la grande stupéfaction des filles de service, elle se mit en devoir de livrer un vigoureux assaut aux armoires et aux cabinets, dont elle avait les clefs.

L’office, la lingerie, le placard aux porcelaines, la cuisine, la cave, tout fut soumis à une sévère inspection. Les œuvres de ténèbres apparurent au grand jour, et toute chose cachée fut mise en lumière, à ce point que les principautés et puissances inférieures prirent l’alarme, et firent entendre de sourds murmures contre « ces mesdames du Nord. »

La vieille Dinah, cuisinière en chef, et de droit suzeraine en son département, était furieuse de voir ainsi usurper ses privilèges. Aucun baron féodal, signataire