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n’ai jamais eu peur de ces chiens de nèg’, et je ne commencerai pas à présent. Qui me suit ? Et il s’élança sur les rocs.

Georges entendit distinctement ces mots ; il arma son pistolet, l’examina, et visa le point du défilé où le premier qui arriverait en haut devait se montrer.

Un des plus courageux de la bande suivit Tom, et, l’impulsion donnée, tous se précipitèrent à la suite les uns des autres ; — la queue poussant la tête plus vite qu’il ne lui convenait d’aller. Ils avançaient ; bientôt la forme massive de Tom apparut de l’autre côté, presque sur le bord de la crevasse.

Georges fit feu ; la balle pénétra dans le flanc droit ; mais, quoique blessé, il ne recula pas : poussant le mugissement d’un taureau furieux, il mesura l’espace et prit son élan.

« Ami, dit Phinéas, se pinçant tout à coup en face, et lui allongeant une rude poussée à mi-chemin avec ses longs bras, on n’a que faire de toi ici. »

Il roula dans le gouffre, dégringolant au milieu de souches, d’arbustes, de pierres détachées, que son poids entraînait avec lui, jusqu’à ce qu’il arrivât, meurtri et gémissant, à une profondeur de trente pieds. La chute l’eût tué, si elle n’eût été amortie par les branches d’un grand arbre qui accrochèrent ses habits au passage. Il n’en descendit pas moins avec une rapidité qui ne lui fut en rien agréable ou commode.

« Le Seigneur nous assiste ! Ce sont de vrais diables ! » s’écria Marks, battant en retraite au bas du rocher, avec beaucoup plus d’empressement qu’il n’en avait mis à monter. Les autres descendaient pêle-mêle après lui ; en particulier le gros constable, haletant et soufflant de la façon la plus énergique.

« Vous autres, dit Marks, faites le tour, et allez-vous-en ramasser là-bas ce pauvre Tom, tandis que je vais monter à cheval et courir à toute bride chercher de l’aide !