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sein ; la vieille gémit et prie : Georges et Jim arment leurs pistolets avec l’énergie du désespoir. L’ennemi gagne du terrain. La voiture a fait un soudain détour, et s’arrête en vue d’une chaîne de rochers escarpés, surplombant, formant une masse isolée et gigantesque au milieu d’un terrain plane et découvert. Ce solitaire amas de rocs, qui se dresse, noir et massif, sur le ciel coloré du matin, semble offrir une retraite assurée.

Ce lieu était bien connu de Phinéas, qui l’avait exploré mainte et mainte fois dans ses excursions de chasse, et c’était pour l’atteindre qu’il avait impitoyablement fouetté ses chevaux.

« Maintenant à l’assaut ! dit-il, sautant à bas de son siège. Sortez tous en un clin d’œil et grimpez là-haut avec moi ! Michel, attache ton cheval au chariot ; pousse jusque chez Amariah ; décide-le à venir, lui et ses fils, nous aider à mettre ces drôles à la raison. »

Tous furent à terre en une seconde.

« Là, dit Phinéas, s’emparant de Henri ; chargez-vous des femmes, vous autres, et courez aussi vite que vous ayiez jamais couru ! »

L’exhortation était inutile. Tous, plus agiles que la parole, franchirent la palissade et s’enfuirent vers les rochers, tandis que Michel, attachant par la bride son cheval au chariot, s’éloignait à toute vitesse.

« En avant, dit Phinéas, lorsque arrivé au pied des rocs il distingua, à la clarté mixte des étoiles et de l’aube, les traces d’un sentier mal frayé ; voilà un de nos vieux repaires de chasse. Alerte ! »

Il marchait le premier, gravissant le rocher comme une chèvre, l’enfant toujours dans ses bras. Jim venait après, portant sur ses épaules sa vieille mère tremblante, Georges et Éliza formaient l’arrière-garde.

La troupe des cavaliers, arrivée aux palissades, maugréait, jurait, et, mettant pied à terre, se disposait à poursuivre sa proie.