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« Ce doit être Michel, dit-il ; je crois reconnaître le galop de sa bête. » Il se leva debout sur le siège, et regarda en arrière.

Un cavalier, accourant à toute bride, apparut au sommet d’une colline éloignée. « C’est lui, ou je me trompe fort, » dit Phinéas. Georges et Jim avaient sauté à terre, avant de savoir ce qu’ils faisaient : immobiles et muets, ils attendaient, la figure tournée vers le messager. Celui-ci approchait ; tout à coup, il disparut dans un vallon, mais ils entendaient encore le piétinement fougueux et précipité du cheval ; enfin, il surgit sur le haut d’une éminence, à portée de la voix.

« C’est Michel en chair et en os, dit Phinéas ; et il appela : Michel ! holà hé !

— Phinéas ! est-ce toi ?

— Oui ; quelles nouvelles ? — viennent-ils ?

— À cent pas derrière moi ! huit ou dix, échauffés d’eau-de-vie, sacrant, écumant, comme une bande de loups. »

Il parlait encore, la brise apporta le son affaibli d’une troupe au galop.

« Rentrez, — et vivement ! dit Phinéas. S’il faut se battre, attendez que je vous mène un bout de chemin plus loin. » Georges et Jim sautèrent sur la banquette, et Phinéas lança ses chevaux à fond de train. Michel les escortait. Le chariot roula, bondit, vola presque sur la terre durcie, mais le bruit des cavaliers qui accouraient derrière devenait de plus en plus distinct. Les femmes l’entendirent ; elles regardèrent avec terreur au dehors, et virent, à la cime d’une colline distante, un groupe d’hommes qui se détachait sur le fond rouge du ciel rayé par les premières lueurs de l’aube. Encore une autre colline franchie ; les traqueurs viennent d’apercevoir le chariot, que sa bâche blanche signale de loin : un brutal hurlement de triomphe arrive jusqu’aux fugitifs. Éliza, qui se sent défaillir, presse fortement son enfant sur son