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sa maison désorganisée par l’état maladif de sa femme. L’idée d’un ménage à l’abandon remue d’ailleurs les entrailles d’Ophélia ; puis elle s’est prise d’affection pour la charmante petite fille, qu’il est difficile de voir sans l’aimer ; enfin, quoiqu’elle considère Augustin comme une espèce de païen, elle l’aime, rit de ses plaisanteries, excuse ses fautes, et montre pour ses erreurs une indulgence, dont s’étonneraient ceux qui connaissent à fond lui ou elle. Mais c’est en la voyant agir que nous achèverons de juger miss Ophélia.

La voilà donc dans la chambre de l’arrière, entourée d’une multitude confuse de petits et de grands sacs de nuit, de boîtes, de paniers, renfermant chacun quelque lourde responsabilité. Elle lie, elle enveloppe, elle attache, elle ficelle avec feu.

« Éva, avez-vous compté vos paquets ? — Vous n’y avez pas songé, j’en étais sûre ! — C’est l’histoire de tous les enfants. Il y a le sac de nuit moucheté en moquette, et le carton à bordure bleue où se trouve votre plus beau chapeau, — cela fait deux. Il y a le petit sac en caoutchouc, trois ; mon coffret de rubans et d’aiguilles, quatre ; mon carton, cinq ; la boite aux fichus, six ; et cette petite malle en cuir, sept. Qu’avez-vous fait de votre ombrelle ? — donnez-la-moi, que je l’enveloppe de papier et l’attache à mon parapluie avec la mienne : — là ! voilà qui est fait.

— Mais, tante, puisque nous allons tout droit à la maison, à quoi bon ?

— À bien conserver, enfant ; il faut prendre soin de ce que l’on a, si l’on veut avoir quelque chose ; — et votre dé, à présent, est-il serré ?

— En vérité, tante, je n’en sais rien.

— Jamais d’attention ! Allons, je m’en vais faire la revue de votre ménagère : — un dé, la cire, deux bobines, les ciseaux, le poinçon, l’aiguille à passer. — À merveille ! — mettez-la-moi là. Mais, en vérité, ma pauvre enfant,