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À ce moment la porte s’ouvrit, et Marie, honnête jeune fille, au teint rosé, aux yeux bruns comme ceux de sa mère, fit son entrée avec le poupon.

« Ah ! ah ! dit Rachel, prenant le gras et blanc marmot dans ses bras : comme il a bonne mine, et comme il grandit !

— Je crois bien ! » dit la petite Ruth. Elle s’empara du poupon, et commença, d’un air affairé, à lui ôter une petite capuche bleue, et à le démailloter de nombre d’enveloppes extérieures. Après avoir tiré de droite, tiré de gauche, pour le rajuster à sa guise, elle l’embrassa de tout son cœur, et le posa par terre, livré à ses pensées.

Pouponnet semblait fait à cette façon d’agir ; il mit son doigt dans sa bouche et s’absorba dans ses réflexions, tandis que la mère, tirant son ouvrage de son sac, tricotait avec ardeur un bas de laine bleu et blanc.

« Tu feras bien de remplir la bouilloire, Marie, mon enfant, » suggéra doucement Rachel.

Marie porta la bouilloire à la fontaine, et revint la placer sur le feu, où l’encensoir domestique se mit bientôt à chantonner, et à lancer en l’air un nuage de vapeur, présage de bonne chère et d’hospitalité. Sur quelques mots murmurés par Rachel, les fruits secs allèrent aussi chauffer de compagnie. La mère prit alors sur le dressoir une planche parfaitement propre, attacha un tablier devant elle, et commença tranquillement à pétrir des biscuits. « Ne ferais-tu pas bien, Marie, dit-elle auparavant à sa fille, de conseiller à John d’apprêter un poulet ? » Et Marie disparut en conséquence.

« Comment va Abigaïl Peters ? demanda Rachel, tout en maniant sa pâte.

— Oh ! elle va mieux, répliqua Ruth. Je suis allée la voir ce matin ; j’ai fait le lit et rangé la maison. Lia Hills y a passé l’après-midi : elle a fait du pain et des galettes pour plusieurs jours ; j’ai promis d’y retourner ce soir, afin de lever un peu Abigaïl,