L’homme siffla pour le marmot, et lui tendit un bâton de sucre candi, qu’il prit avidement, et qu’il porta sur-le-champ à sa bouche, dépôt général de tous les trésors des enfants.
« Un fameux gaillard ! dit l’homme, et qui connaît ce qui est bon ! » II siffla et passa outre. Arrivé à l’autre bout du bateau, où Haley fumait, assis sur une pile de ballots, il s’arrêta, tira une allumette, et alluma son cigare, tout en disant :
« Vous avez là-bas une fille d’assez bon air. Hé !
— Oui, elle n’est pas mal, dit Haley, chassant de sa bouche une bouffée de fumée.
— Vous la menez au Sud ?
Haley fit un signe de tête, et continua de fumer.
— Pour les plantations ?
— Le fait est, reprit le marchand, que j’ai une commande d’un planteur, et je crois que je l’y comprendrai. On me dit qu’elle fait bien la cuisine : là-bas on pourra l’utiliser comme cuisinière, ou la mettre à la cueille du coton. Elle a les doigts qu’il faut pour cela : j’y ai regardé. D’une façon ou de l’autre, elle sera de bonne défaite. Et Haley reprit son cigare.
— Mais sur une plantation ils ne voudront pas du petit jeune.
— Aussi le vendrai-je à la première occasion, répliqua le marchand.
— Je suppose que vous le laisseriez à bon marché, dit l’homme, grimpant sur la pile de colis, et s’y établissant à l’aise.
— Je ne sais pas ! C’est un joli petit, bien vivace, — droit, gras, fort ; une chair aussi dure qu’une brique.
— C’est vrai ; mais aussi il y a le tracas et la dépense de l’élever.
— Bah ! ça s’élève aussi aisément que toute autre créature qui marche : les négrillons ne donnent pas