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dans l’entrepont, ne semblait pas apprécier ses divers privilèges : amassés en un tas, les nègres se parlaient à voix basse.

« Hé ! enfants, dit Haley se frottant les mains, j’espère que vous vous tenez le cœur en joie ! Pas de sournoiseries ; je ne les aime pas, voyez-vous ! Le nez au vent, et la bouche riante, garçons ! Conduisez-vous bien avec moi, je me conduirai bien avec vous. »

Les esclaves répondirent par l’invariable : « Oui, maître, » qui, de temps immémorial, est le mot d’ordre de la pauvre Afrique : mais ils n’en devinrent pas plus allègres. Ils avaient certains préjugés au sujet des mères, des femmes, des enfants, qu’ils avaient vus pour la dernière fois. Et, bien que ceux « qui les pressuraient exigeassent d’eux de la gaieté, » elle ne pouvait naître sur l’heure. « J’ai une femme ! dit l’article inscrit sous le nom de « John, âgé de trente ans : » il posa sa main enchaînée sur le genou de Tom ; elle ne sait pas un mot de tout ceci, la pauvre créature !

— Où demeure-t-elle ? demanda Tom.

— Dans une taverne, ici près, au bas de la rivière. Si je pouvais seulement la voir encore une fois en ce monde ! »

Pauvre John ! c’était un souhait bien naturel ; et ses larmes coulaient tout aussi naturellement que celles d’un blanc. Un profond soupir s’exhala du cœur navré de Tom, et il essaya, en son humble guise, de le réconforter.

Dans la cabine au-dessus étaient assis des pères, des mères, des maris avec leurs femmes : de joyeux enfants couraient, sautaient, tourbillonnaient alentour, comme autant de gais papillons ! La vie coulait à pleins bords facile et douce.

« Oh ! maman, dit un petit garçon qui remontait de l’étage inférieur, il y a un marchand de nègres à bord, et il a là-bas quatre ou cinq esclaves.