— Oh ! ne dites pas cela, mon garçon ! dit le brave homme en sanglotant ; ne le pensez pas ! Il y a un Dieu pour tous. Les nuages et les ténèbres l’environnent, mais la justice et la droiture habitent près de son trône. Il y a un Dieu, Georges, croyez-le bien ; croyez en lui, et il vous secourra, j’en suis sûr. Tout sera redressé, — dans cette vie, ou dans l’autre. »
La piété sincère, la bienveillance réelle du bon vieillard lui prêtaient de l’autorité, de la dignité. Georges suspendit sa marche impétueuse, demeura pensif un moment, et dit d’une voix calme :
« Merci ! merci de m’avoir parlé ainsi. J’y songerai. »
Incidents d’un commerce légal.
Saint Mathieu, chap. II, verset 18.
M. Haley et Tom roulaient cahin caha, absorbés dans leurs réflexions. C’est chose merveilleuse que la variété qui se peut rencontrer dans les réflexions de deux hommes, assis côte à côte sur la même banquette, pourvus des mêmes organes, ayant de même des yeux, des oreilles, des mains, et voyant passer devant eux les mêmes objets.
M. Haley, par exemple, pensa d’abord à la taille de Tom, à sa largeur, à sa hauteur, à ce qu’il pourrait valoir, s’il était tenu gras et en bon état, lorsqu’il le produirait au marché. Il pensa ensuite à la manière dont il assortirait sa marchandise ; à la valeur approximative d’hommes, de femmes, d’enfants, qu’il se proposait d’acheter