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vous le promets, dit Georgie. Je veux être un modèle ! mais vous me promettez aussi de ne pas perdre courage. Je vous ramènerai un jour ; et comme je l’ai dit à tante Chloé ce matin, quand je serai homme, je vous ferai bâtir une case où il y aura une chambre à coucher, et un salon avec un tapis. Oh ! vous aurez encore du bon temps ! »

Haley sortit de la forge les menottes à la main, comme Georgie sautait à bas du chariot.

Le jeune garçon se retourna d’un air de supériorité : « Je vous préviens, monsieur, que je dirai à mon père et à ma mère comment vous traitez l’oncle Tom.

— À votre aise ! répliqua le marchand.

— N’avez-vous pas honte de passer votre vie à vendre des hommes et des femmes, et à les enchaîner comme des brutes ? j’aurais cru que vous auriez conscience de votre bassesse.

— Tant que vos grandes gens achèteront des hommes et des femmes, je ne croirai pas valoir moins qu’eux parce que je leur en vends. Il n’y a pas plus de bassesse à les vendre qu’à les acheter.

— Je ne ferai jamais ni l’un ni l’autre, quand je serai homme, s’écria Georgie. Aujourd’hui je rougis de mon pays. J’en étais si fier auparavant ! »

Il se redressa sur sa selle, et regarda autour de lui, comme pour juger de l’effet produit dans le Kentucky par cette déclaration.

« Au revoir, oncle Tom ! Portez toujours la tête haute ; et ayez bon courage ! »

— Au revoir, massa Georgie ! dit Tom en le contemplant avec une tendresse admirative. Que le Tout-Puissant vous bénisse ! — Ah ! le Kentucky n’en a pas beaucoup comme vous ! » ajouta-t-il dans la plénitude de son cœur, lorsqu’il eut perdu de vue la figure franche et enfantine. Il continua de regarder jusqu’à ce que le retentissement des pas du cheval mourût dans le lointain, dernier son, dernier écho du logis !