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nous la livrerons, cette bataille, à l’arrière-garde de la grande ost de Charles. C’est jugé : nous les tuerons ! »

LXXI

Vient d’autre part le roi Corsalis. Il est de Barbarie et sait les arts maléfiques. Il parle en vrai baron : pour tout l’or de Dieu il ne voudrait faire une couardise […] Vient au galop Malprimis de Brigant : à la course, il est plus vite qu’un cheval. Devant Marsile il s’écrie à voix très haute : « Je mènerai mon corps à Roncevaux. Si j’y trouve Roland, je saurai le mater. »

LXXII

Un amirafle est là, de Balaguer. Son corps est très beau, sa face hardie et claire. Quand une fois il s’est mis en selle, il se fait fier sous l’armure. Pour le courage il a bonne renommée : vrai baron, s’il était chrétien. Devant Marsile, il s’est écrié : « A Roncevaux, j’irai jouer mon corps. Si j’y trouve Roland, il est mort, et mort Olivier et tous les douze pairs, et morts tous les Français, à grand deuil, à grand’honte. Charles le Grand est vieux, il radote ; il en aura assez de mener sa guerre ; l’Espagne nous restera