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Il en a trop fait : il n’a plus droit à vivre. Livrez-le moi, je ferai justice. » Quand Ganelon l’entend, il brandit son épée, va sous le pin, s’adosse au tronc.

XXXVIII

Marsile s’est retiré dans le verger. Il a emmené avec lui ses meilleurs vassaux. Et Blancandrin y vint, au poil chenu, et Jurfaret, qui est son fils et son héritier, et l’Algalife, son oncle et son fidèle. Blancandrin dit : « Appelez le Français : il nous servira, il me l’a juré sur sa foi. » Le roi dit : « Amenez-le-donc. » Et Blancandrin l’a pris par la main droite et le conduit par le verger jusqu’au roi. Là ils débattent la laide trahison.

XXXIX

« Beau sire Ganelon, » lui dit Marsile, « je vous ai traité un peu légèrement quand, en ma colère, je faillis vous frapper. Je vous le gage par ces peaux de martre zibeline, dont l’or vaut plus de cinq cents livres : avant demain soir je vous aurai payé une belle amende. » Ganelon répond : « Je ne refuse pas. Que Dieu, s’il lui plaît, vous en récompense ! »