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il en sera parlé. » Pinabel dit : « Ne plaise au Seigneur Dieu ! Je veux soutenir toute ma parenté. Je ne me rendrai pour nul homme qui vive. J’aime mieux mourir qu’en subir le reproche. » Ils recommencent à frapper des épées sur leurs heaumes, qui sont incrustés d’or. Contre le ciel volent claires, les étincelles. Les séparer, nul ne pourrait. Ce combat ne peut finir sans qu’un homme meure.

CCLXXXV

PINABEL de Sorence est de très grande prouesse. Sur le heaume de Provence, il frappe Thierry : le feu jaillit, l’herbe s’enflamme. Il lui présente la pointe de sa lame d’acier. Elle descend sur son front..... Il en a la joue droite toute sanglante et tout sanglant le haubert, dans le dos et au long de la poitrine. Dieu le protège, Pinabel ne l’a pas renversé mort.

CCLXXXVI

THIERRY voit qu’il est blessé au visage. Son sang tombe clair sur l’herbe du pré. Il frappe Pinabel sur son heaume d’acier brun, le brise et le fend jusqu’au nasal, fait couler du crâne la cervelle ; il secoue sa lame dans la plaie et l’abat mort. Par ce coup sa bataille est gagnée. Les Francs s’écrient : « Dieu y a fait miracle ! Il est