Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/299

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CCLXII

QUAND Charles entend la sainte voix de l’ange, il ne craint plus, il sait qu’il ne mourra pas. Il reprend vigueur et connaissance. De l’épée de France il frappe l’émir. Il lui brise son heaume où flambent les gemmes, lui ouvre le crâne, et la cervelle s’épand, il lui fend toute la tête jusqu’à la barbe blanche, et sans nul recours l’abat mort. Il crie : « Montjoie ! » pour qu’on se rallie à lui. Au cri le duc Naimes est venu ; il prend Tencendur, le roi Magne y remonte. Les païens s’enfuient, Dieu ne veut pas qu’ils restent. Les Français sont parvenus au terme tant désiré.

CCLXIII

LES païens s’enfuient, car Dieu le veut. Les Francs, et l’empereur avec eux, les chassent. Le roi dit : « Seigneurs, vengez vos deuils, faites votre volonté et que vos cœurs s’éclairent, car j’ai vu ce matin vos yeux pleurer. » Les Francs répondent : « Sire, il nous faut ainsi faire ! » Chacun frappe à grands coups, tant qu’il peut. Des païens qui sont là, bien peu échappèrent.

CCLXIV

LA chaleur est forte, la poussière s’élève. Les païens fuient et les Français les harcèlent. La chasse dure jusqu’à Saragosse. Au haut de sa tour Bramidoine est montée : avec elle ses clercs