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Quand il vit se rompre les corps de bataille des Français, il appela Thierry, le duc d’Argonne, Geoffroi d’Anjou et le comte Jozeran. Très fièrement il exhorte Charles : « Voyez les païens, comme ils tuent vos hommes ! Ne plaise à Dieu que votre tête porte la couronne, si vous ne frappez sur l’heure pour venger votre honte ! » Il n’est personne qui réponde un seul mot. Tous donnent fortement de l’éperon, lancent à fond leurs chevaux, vont les frapper, où qu’ils les rencontrent.

CCLVII

CHARLEMAGNE le roi frappe merveilleusement, et Naimes le duc et Ogier le Danois, et Geoffroi d’Anjou, lui qui tenait l’enseigne. Et monseigneur Ogier le Danois est preux entre tous. Il broche son cheval, le lance à toute force et va frapper celui qui tenait le dragon, d’un tel coup qu’il renverse sur place devant lui Amboire et le dragon et l’enseigne du roi. Baligant voit son gonfanon abattu et l’étendard de Mahomet avili : alors l’émir commence à entrevoir qu’il a tort et que Charlemagne a droit. Les païens d’Arabie..... L’empereur invoque ses Français : « Dites, barons, pour Dieu, si vous m’aiderez ! » Les Français répondent : « Pourquoi le demander ? Félon qui ne frappera point à outrance ! »