LE roi Canabeu, le frère de l’émir, pique fortement des éperons son cheval. Il a tiré son épée : le pommeau en est de cristal. Il frappe Naimes sur son heaume…, le brise en deux moitiés, en tranche cinq des lacs de son épée d’acier, — le capelier ne lui sert de rien, — en fend la coiffe jusqu’à la chair, en jette par terre une pièce. Le coup fut rude, le duc est comme foudroyé. Il va tomber, mais Dieu l’aide. Il saisit de ses deux bras le col de son destrier. Si le païen redouble, le noble vassal est mort. Charles de France vient, qui le secourra.
LE duc Naimes est en grande détresse. Et le païen se hâte pour le frapper à nouveau. Charles lui dit : « Truand, c’est pour ton malheur que tu t’en es pris à celui-là ! » En sa hardiesse il va le frapper. Il brise l’écu du païen, le lui écrase contre le cœur. Il rompt la ventaille de son haubert et l’abat mort : la selle reste vide.
CHARLEMAGNE le roi est rempli de douleur, quand devant lui il voit Naimes blessé et son