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son chef bouclé est aussi blanc que fleur de printemps, et, sa vaillance, il l’a souvent prouvée. Dieu ! quel baron, s’il était chrétien ! Il pique son cheval : le sang sous l’éperon jaillit tout clair. Il prend son galop, saute un fossé : on y peut bien mesurer cinquante pieds de large. Les païens s’écrient : « Celui-là est fait pour défendre les marches ! Il n’est pas un Français, s’il vient jouter contre lui, qui n’y perde, bon gré, mal gré, sa vie ! Charles est bien fou qui ne s’en est allé ! »

CCXXIX

L’ÉMIR est semblable à un vrai baron. Sa barbe est blanche comme fleur. Il est très sage clerc en sa loi ; dans la bataille il est fier et hardi. Son fils Malpramis est de grande chevalerie. Il est de haute taille, et fort ; il ressemble à ses ancêtres. Il dit à son père : « Or donc, sire, en avant ! Si nous voyons Charles, j’en serai fort surpris. » Baligant dit : « Nous le verrons, car il est très preux. Maintes annales disent de lui de grandes louanges. Mais il n’a plus son neveu Roland : il ne sera pas de force à tenir contre nous.

CCXXX

BEAU fils Malpramis, » lui a dit Baligant, « l’autre hier fut tué Roland, le bon vassal, et Olivier,