Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CCXVI

PAR tout le champ ceux de France mettent pied à terre : plus de cent mille s’adoubent à la fois. Ils ont des équipements à leur gré, des chevaux vifs, et leurs armes sont belles. Puis, ils se mettent en selle… Si l’heure en vient, ils comptent soutenir la bataille. Leurs gonfanons pendent jusqu’à toucher les heaumes. Quand Charles voit leur contenance si belle, il appelle Jozeran de Provence, Naimes le duc, Antelme de Mayence : « Sur de tels vaillants on doit se reposer. Bien fou qui, au milieu d’eux, se tourmente ! Si les Arabes ne renoncent pas à venir, je leur vendrai cher, je crois, la mort de Roland. » Le duc Naimes répond : « Que Dieu nous l’accorde ! »

CCXVII

CHARLES appelle Rabel et Guinemant. Ainsi parla le roi : « Seigneurs, je vous le commande, soyez aux postes de Roland et d’Olivier : que l’un porte l’épée, l’autre l’olifant, et chevauchez en avant les premiers : avec vous, quinze milliers de Français, tous bacheliers et vaillants entre nos vaillants. Après ceux-là il y en aura autant : Giboin et Guinemant… (?) les mèneront ». Naimes le duc et Jozeran le comte rangent en bel arroi ces deux corps de bataille. Si l’heure en vient, la lutte sera grande.