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CCV

Tandis qu’il va cherchant son neveu, il trouva dans le pré tant d’herbes, dont les fleurs sont vermeilles du sang de nos barons ! Pitié lui prend, il ne peut se tenir de pleurer. Sous deux arbres il est venu. Il reconnaît sur trois perrons les coups de Roland ; sur l’herbe verte il voit son neveu, qui gît. Qui s’étonnerait s’il frémit de douleur ? Il descend de cheval, il y va en courant. Entre ses deux mains…. Il se pâme sur lui, tant son angoisse l’étreint.

CCVI

L’empereur est revenu de pâmoison. Le duc Naimes et le comte Acelin, Geoffroi d’Anjou et son frère Henri le prennent, le redressent sous un pin. Il regarde à terre, voit son neveu gisant. Si doucement il dit sur lui l’adieu : « Ami Roland, que Dieu te fasse merci ! Nul homme jamais ne vit chevalier tel que toi pour engager les grandes batailles et les gagner. Mon honneur a tourné vers le déclin. » Charles ne peut s’en tenir, il se pâme.

CCVII

Le roi Charles est revenu de pâmoison. Par les mains le tiennent quatre de ses barons. Il regarde à terre, voit gisant son neveu. Son corps