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guère coûté, d’ailleurs : ne devons-nous pas toute piété à notre langue, telle qu’elle se parlait dans les seigneuries normandes et angevines d’Angleterre et à la cour du roi Henri II Plantagenet, qui fut la plus cultivée du XIIe siècle et la plus raffinée ?

Je n’ai amendé le texte d’Oxford qu’aux seuls lieux où j’ai cru reconnaître des fautes serviles, fausses lectures ou erreurs de la plume. Si rares qu’aient été mes retouches, je doute que cette édition présente au lecteur beaucoup de formes et de tours de langage qui ne puissent trouver leur justification dans l’usage des écrivains et des copistes anglo-normands. Bientôt on le verra mieux, aux notes de l’édition plus ample que je prépare et dont celle-ci est l’avant-courrière. Pour l’instant, je sais qu’à rencontrer ici certaines formes surprenantes (guadez, 298, jo muvra, 311, il fiet, 1297, Gilie e fist la chartre, 2096, etc., etc.), plusieurs philologues taxeront de superstition pure mon respect à l’égard du manuscrit d’Oxford. Qu’ils veuillent bien pourtant, en présence de ces formes, et même des plus bizarres, s’enquérir si