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il les a pris, le vaillant, et il revient avec, vers l’archevêque. Devant ses genoux il les a mis sur un rang. L’archevêque pleure, il ne peut s’en tenir. Il lève sa main, fait sa bénédiction. Après il dit : « C’est pitié de vous, seigneurs ! Que Dieu reçoive toutes vos âmes, le Glorieux ! En paradis qu’il les mette dans les saintes fleurs ! À mon tour combien la mort m’angoisse ! Je ne reverrai plus l’empereur puissant. »

CLXIII

Roland repart ; à nouveau il va chercher par le champ. Il retrouve son compagnon Olivier. Contre sa poitrine il le presse, étroitement embrassé. Comme il peut, il revient vers l’archevêque. Sur un écu il couche Olivier auprès des autres, et l’archevêque les a absous et signés du signe de la croix. Alors redoublent la douleur et la pitié. Et Roland dit : « Olivier, beau compagnon, vous étiez fils du duc Renier, qui tenait la marche du Val de Runers. Pour rompre une lance et pour briser des écus, pour vaincre et abattre les orgueilleux, pour soutenir et conseiller les prud’hommes […], en nulle terre il n’y eut meilleur chevalier ! […] »

CLXIV

Le comte Roland, quand il voit morts ses pairs, et Olivier qu’il aimait tant, s’attendrit : il se met à pleurer. Son visage a perdu sa couleur. Si