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CXLI

Le comte Roland est retourné à la bataille. Il tient Durendal, il frappe en vaillant. Il a taillé en pièces Faldrun de Pui et vingt-quatre autres, des mieux prisés. Jamais homme ne désirera tant se venger. Comme le cerf fuit devant les chiens, ainsi devant Roland les païens fuient. L’archevêque dit : « Voilà qui est bien ! Un chevalier doit se montrer ainsi, qui porte de bonnes armes et monte un bon cheval ; ou autrement, il ne vaut pas quatre deniers : qu’il se fasse plutôt moine dans un moutier et qu’il y prie chaque jour pour nos péchés ! » Roland répond : « Frappez, ne les épargnez pas ! » À ces mots les Francs recommencent. Les chrétiens y souffrirent grandement.

CXLII

Quand on sait qu’il ne sera pas fait de prisonniers, on se défend fortement dans une telle bataille. C’est pourquoi les Francs se font hardis comme des lions. Voici que vient contre eux, en vrai baron, Marsile. Il monte le cheval qu’il appelle Gaignon. Il l’éperonne bien et va frapper Bevon : celui-là était sire de Dijon et de Beaune ; il brise son écu, rompt son haubert et, sans lui faire d’autre mal, l’abat mort. Puis il tue Ivon et Ivoire ; avec eux Gérard de Roussillon. Le comte