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et les adapter aux goûts nouveaux des générations nouvelles, les rajeunissaient, les récrivaient de bout en bout, et ce fut la condition et la déplorable rançon de leur longévité. C’est de la sorte qu’en regard du texte d’Oxford nous possédons la rédaction assonancée du manuscrit de Venise, et la rédaction rimée du manuscrit de Paris, et le remaniement en vers allemands du Prêtre Conrad, etc., au total jusqu’à sept versions de la Chanson de Roland. Sans doute, et chacun en convient, ces refaçons, ces malfaçons, font toutes, comparées au texte d’Oxford, piètre figure. Si fantaisistes qu’elles puissent être et si dégradées, il n’en reste pas moins qu’elles dérivent, elles aussi, du manuscrit archétype ; et l’on peut concevoir qu’on doive, après examen, les distribuer en deux, ou trois, ou quatre familles indépendantes entre elles, c’est-à-dire qui seraient descendues de l’archétype par deux, ou trois, ou quatre voies différentes : auquel cas, chaque fois que deux au moins de ces familles s’accorderaient pour opposer une même leçon à une leçon isolée dans le