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d’autre part on considère qu’au cours d’une transmission longue et sans doute accidentée, maints scribes et maints reviseurs ont pu modifier tour à tour, à la libre manière de ces temps, les leçons primitives, on est induit à supposer qu’un écart plus ou moins grand, très grand peut-être, sépare la copie qui est sous nos yeux du manuscrit archétype, tel que le poète dut l’écrire de sa main. Comment mesurer cet écart ? Qui était le poète ? Un Normand ? ou un « Franc de France » ? À quelle date a-t-il composé sa Chanson ? Serait-ce vers l’an 1110, comme plusieurs (desquels je suis) le soutiennent ? Serait-ce, comme d’autres le croient, trente ou quarante ans plus tôt, bien avant la Croisade, vers l’an 1080 ? En quelle langue l’a-t-il écrite ? En tel dialecte de la Normandie ? ou en tel dialecte du domaine capétien ? ou en une langue littéraire, plus ou moins teintée de particularités dialectales ? Les réponses varient, groupées en plusieurs systèmes.

Or, à partir de Theodor Müller et à son exemple, presque tous les éditeurs se sont