Page:Becquerel - Le Principe de relativité et la théorie de la gravitation, 1922.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
deuxième partie. — la relativité généralisée.

Temps en chaque point-événement. Les intervalles séparant un point d’Univers des points infiniment voisins, intervalles indépendant de tout système de coordonnées, sont des invariants et caractérisent la configuration de l’Espace-Temps, comme en géométrie les distances permettent la description complète d’une figure indépendamment de son orientation ; un autre invariant est la courbure totale, extension de la courbure de Gauss ; enfin les géodésiques ont une existence absolue.

Puisque, dans le champ de gravitation d’un astre, tous les corps tombent avec la même vitesse, malgré leurs poids différents, il faut porter son attention, non sur la prétendue « force attractive » qui est variable avec le corps, mais sur l’état de mouvement, c’est-à-dire sur la ligne d’Univers qui, étant la même pour tous les corps placés dans les mêmes conditions initiales, doit être une caractéristique de l’Univers lui-même.

Dès lors, il ne faut plus dire : la force de gravitation est une force attractive ; un corps abandonné à lui-même dans un champ de gravitation ne se meut pas d’un mouvement rectiligne et uniforme parce qu’il subit une force appliquée. Il faut dire : un corps abandonné à lui-même se meut toujours suivant la loi d’inertie, la loi d’action stationnaire

mais cette loi n’est plus celle de Galilée parce qu’il est impossible de trouver un système qui soit galiléen dans toute l’étendue de l’Univers parce que les lignes d’Univers naturelles, ou géodésiques (5-12) de l’Univers non euclidien, ne sont pas des « droites d’Univers ».

L’expérience prouve que les propriétés et la configuration de l’Espace-Temps sont liées à la présence ou au voisinage de la matière, et plus généralement, de l’énergie. La déformation de l’Espace-Temps à partir de la forme euclidienne entraîne une courbure des lignes d’Univers des mobiles libres, des géodésiques, et cette courbure se manifeste à nous par l’existence d’une force d’inertie qui nous a donné l’illusion d’une force attractive appliquée, parce que, en fait, elle se traduit à nos yeux par une telle apparence.

Il importe de noter que la déformation de l’Espace-Temps ne doit pas être considérée comme la cause de la gravitation. Entre la structure de l’Univers et la gravitation, il n’y a pas de lien de causalité, car c’est une seule et même chose. Les phénomènes de gravitation sont simplement des manifestations de la déformation qui existe en présence ou au voisinage de la matière, qui est sou-