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chapitre XI. — le champ de gravitation.

léenne d’inertie est applicable. Il est alors possible, dans cette portion d’Univers, de choisir un système galiléen relativement auquel des points immobiles restent au repos, des corps en mouvement sur lesquels n’est appliquée aucune force sont animés d’un mouvement rectiligne et uniforme.

Dans ce système galiléen supposons une chambre isolée, dans laquelle se trouve un observateur muni d’appareils ; pour cet homme, il n’y a pas de pesanteur, pas de direction privilégiée.

Par un câble attaché à un crochet fixé au milieu de la toiture de la chambre, un être extérieur se met à tirer avec une force constante. Pour un observateur immobile dans le système galiléen la chambre commence à être animée d’un mouvement uniformément accéléré et sa vitesse croît d’une façon fantastique. Toute autre sera l’opinion de l’homme enfermé dans la chambre. L’accélération va projeter cet homme sur le plancher ; pour lui, il y aura un « haut » et un « bas », comme dans une chambre sur la Terre ; il constatera la loi de la chute des corps, tous les objets ayant la même accélération ; sa première impression sera qu’il se trouve dans un champ de gravitation.

Cependant, à la réflexion, il sera étonné des effets observés car la chambre devrait tomber en chute libre dans le champ de gravitation, ce qui ferait disparaître la pesanteur. Cherchant ce qui se passe, il découvrira le crochet et le câble tendu : cette fois tout sera clair pour lui, il se dira : ma chambre est suspendue, au repos, dans un champ de gravitation.

Cet homme est-il dans l’erreur ? nullement, car son interprétation est conforme aux lois de la Mécanique. Alors nous pouvons, comme lui, considérer la chambre comme immobile, bien qu’elle soit accélérée relativement à l’espace galiléen la possibilité de cette conception repose sur la propriété fondamentale d’un champ de gravitation de donner à tous les corps la même accélération, c’est-à-dire repose sur l’égalité de la masse pesante et de la masse inerte.

Supposons maintenant qu’à l’intérieur de la chambre, l’homme suspende un corps au bout d’une corde, c’est-à-dire constitue un pendule : la corde se tendra et prendra une direction bien déterminée qui sera « la verticale ». L’homme estimera que la tension de la corde équilibre le poids du corps, que cette tension est