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CHAMP DE GRAVITATION ET UNIVERS RÉEL

sur tout le parcours d’un rayon lumineux, contrairement au principe fondamental de la constance de cette vitesse.

La même conclusion s’applique partout où règne un champ de gravitation, c’est-à-dire dans l’Univers tout entier ; d’aucun système naturel on ne peut voir — du moins sur une grande étendue — un mobile abandonné à lui-même ou même un rayon lumineux se propager suivant un mouvement rectiligne et uniforme ; aucun mouvement n’est conforme à la loi d’inertie de Galilée.

Mais, pensera le lecteur, ce n’est pas étonnant : la loi de Galilée s’applique, dans un système galiléen, au mobile sur lequel n’est appliquée aucune force ; or dans un champ de gravitation une force attractive s’exerce sur le mobile.

Nous allons, avec Einstein, être conduits à une toute autre interprétation : si la loi d’inertie de Galilée n’est pas satisfaite, ce n’est pas parce qu’un mobile subit une force attractive s’il y a un champ de gravitation, c’est parce qu’on ne peut pas trouver un système galiléen. Nous allons montrer, en effet, que la force de gravitation ne doit pas être considérée comme une force appliquée à un corps : c’est une force d’inertie absolument de même nature que celle qui apparaît dans un système accéléré, c’est-à-dire dans un système non galiléen (voir fin du chap. I) : il en résultera que dans une région où règne un champ de gravitation il n’existe pas de système de référence qui soit galiléen dans toute l’étendue du champ.

Nous allons analyser des notions qui nous paraissent évidentes parce que nous y sommes habitués, et c’est précisément parce que nous y sommes trop habitués que personne, avant M. Einstein, n’avait eu l’idée de les approfondir.

1o LA GRAVITATION EST UNE ACTION DE PROCHE EN PROCHE. — À la question « pourquoi un

6. BECQUEREL