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BOURDON Ne dites rien, madame. Laissez cette jeune fille à ses inspirations, elle pourrait vous reprocher plus tard d’avoir suivi les vôtres. (Revenant à Marie.) Je comprends à merveille, mademoiselle, quelque intérêt qu’ait ce mariage, que vous ne soyez pas bien pressée de le conclure. Malheureusement Teissier n’a plus vingt ans comme vous ; c’est même là votre plus grand grief contre lui ; à son âge, on ne remet pas volontiers au lendemain.

MARIE Je voudrais savoir, monsieur Bourdon, et je vous prie de me dire sincèrement si M. Teissier est un honnête homme. BOURDON Un honnête homme ! Que voulez-vous dire par là ? Je ne vous conseillerais pas, mademoiselle, au cas où épouseriez M. Teissier, de placer toutes vos espérances sur une simple promesse de sa part ; mais les notaires sont là pour rédiger des contrats qui établissent les droits des parties. Ai-je répondu à votre question ? MARIE Non, vous ne l’avez pas comprise. Un honnête homme, pour une jeune fille, cela veut dire bien des choses BOURDON Me demandez-vous, mademoiselle, si Teissier a fait sa fortune honorablement ?