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MARIE Parle donc. JUDITH J’avais pensé un instant à tirer parti de ma voix, en me faisant entendre sur un théâtre. MARIE Toi, ma sœur, sur un théâtre !

JUDITH Eh ! Que veux-tu ? Il faut bien que nous nous retournions et que nous entreprenions quoi que ce soit. Nous ne pouvons pas attendre que nous ayons mangé jusqu’à notre dernier sou. Maman n’est plus d’un âge à travailler, nous ne le voudrions pas du reste. Qui sait si notre pauvre Blanche retrouvera jamais sa raison ? Nous restons donc, toi et moi, et encore toi, ma chère enfant, qu’estce que tu peux bien faire ? Il faudra que tu travailles douze heures par jour pour gagner un franc cinquante. MARIE Dis-moi un peu, bien raisonnablement, ce que tu penses de l’état de Blanche. Comment la trouves-tu ? JUDITH Un jour bien et l’autre mal. On croit à tout moment qu’elle va vous reconnaître, mais elle ne voit personne et n’entend plus rien. J’ai bien pensé à ce malheur et peut-être nous en a-t-il épargné un p