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JUDITH Voyons, voyons, monsieur Merkens, appelez-moi mademoiselle comme vous avez l’habitude de le faire et prenez sur vous de me répondre posément. MERKENS Des leçons ! Etes-vous capable d’abord de donner des leçons ? Je n’en suis pas bien sûr. Admettons-le. Ferez-vous ce qu’il faudra pour en trouver ! Les leçons, ça se demande comme une aumône ; on n’en obtient pas avec de la dignité et des grands airs. Il est possible cependant qu’on ait pitié de vous et que dans quatre ou cinq années, pas avant, vous vous soyez fait une clientèle. Vous aurez des élèves qui seront désagréables le plus souvent, et les parents de vos élèves qui seront grossiers presque toujours. Qu’est-ce que c’est qu’un pauvre petit professeur de musique pour des philistins qui ne connaissent pas seulement la clef de sol. Tenez, sans aller chercher bien loin, votre père… JUDITH Ne parlons pas de mon père. MERKENS On peut bien en rire un peu… Il ne vous a rien laissé. (Pause.) JUDITH Ecartons un instant cette question des leçons, nous y reviendrons tout à l’heure. Dans ce que je