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MADAME VIGNERON Et vous, madame, vous n’en voyez nulle part. MADAME DE SAINT-GENIS, se levant. Je souhaite de tout mon cœur, ma chère Madame Vigneron, pour vous, à qui je ne veux aucun mal, et pour vos filles, qui sont réellement charmantes, que la succession de M. Vigneron marche sur des roulettes ; mais, en affaires, rien ne marche sur des roulettes. Ce qui est simple est compliqué, ce qui est compliqué est incompréhensible. Croyez-moi, oubliez un peu celui qui n’est plus pour penser à vous et à vos enfants. Je ne sache pas malheureusement que M. Vigneron vous ait laissé un titre de rente ou des actions de la Banque de France. Non, n’est-ce pas ? Sa fortune, c’était cette fabrique dont il était propriétaire pour une moitié et M. Teissier pour l’autre. Il possédait des terrains, c’est vrai, mais il en avait payé une bonne partie au moyen d’emprunts et d’hypothèques. Je vous rappelle tout cela de bonne amitié, parce que les femmes doivent s’avertir et se défendre entre elles ; d’intérêts, il me semble que je n’en ai plus ici. Nous avions fait un projet fort aimable, celui de marier nos enfants. N’est-il que reculé, je le voudrais, mais je le crois bien compromis. Les engagements pécuniaires qui avaient été pris de votre côté, il ne vous sera plus possible de les tenir, et pour rien au monde, je ne permettrais à mon fils de faire un