Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/273

Cette page n’a pas encore été corrigée

nécessaires et celui qu’ils n’emploieront que par exception : le courage est cet outil dont je parle, le plus souvent inutile, mais que l’homme doit toujours tenir à son commandement. Vous avez bien voulu, messieurs, nous apporter jusqu’ici vos précieuses félicitations en y mêlant, par mégarde sans doute, des souvenirs néfastes. L’histoire de nos guerres civiles est-elle donc si ancienne qu’on puisse présenter ses enseignements sans rappeler aussi ses victimes, et ne vaudrait-il pas mieux au contraire oublier ces combats fratricides condamnés à l’heure qu’il est par les uns et par les autres ? Je connais les ouvriers, j’ai vécu au milieu d’eux, je suis un ouvrier moi-même, eh bien ! toutes ces comédies révolutionnaires qui se jouent au nom du peuple, le peuple n’y croit plus. Il en a assez des changements qui ne changent rien ; if sait maintenant ce que valent les principes de tribune et les constitutions en papier ; il en a fini avec les politiciens, les avocats, les ambitieux de toute sorte qui l’exaspèrent sans profit plutôt que de le servir utilement. Des écoles plus nombreuses, des impôts plus rationnels, des salaires plus équitables, voilà ce que l’on demandé aujourd’hui ; mais ce n’est pas tout, nous demandons aussi la liberté, parce qu’une nation sans liberté, c’est une femme sans honneur.

LES OUVRIERS

Vive Pauper !

(Michel s’approche des conseillers avec lesquels il s’entretient à voix basse en même temps que les ouvriers se retirent.)