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me comprendrez lorsque je vous aurai dit une bonne fois mon opinion du mariage. Je sais comme il se pratique, et si romanesque que je sois, je ne compte qu’à demi trouver une alliance telle que je la désirerais. Mais je ne suis pas de ces jeunes filles qu’on est sans cesse à marier tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre et qu’on jette, imaginairement, dans tous les bras. Cette impudeur me révolte ; la pensée d’appartenir à de certains hommes me fait frissonner tout. le corps et plutôt que de profaner le don de ma personne, j’aimerais mieux ensevelir ma virginité. Si ma mère elle-même ne respectait pas cette, chaste croyance, je n’aurais pas de plus cruelle ennemie.

MADAME DE LA ROSERAYE

Ton ennemie, Hélène, c’est ton imagination ; l’exaltation et les rêveries sont toujours imprudentes, elles ne t’ont pas corrompue, grâce à Dieu, mais elles t’égarent. Ton esprit se perd dans des divagations sentimentales, au lieu d’envisager les conditions sérieuses de l’existence et tu habites des pays chimériques tout à fait différents de notre monde où l’on ne demande aux hommes que de la probité et aux femmes que de la vertu.