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d’une parure ou la coqueluche de votre enfant, voilà quelles ont été vos douleurs.

MADAME DE LA ROSERAYE

Ma fille a passé l’âge des coqueluches, monsieur le baron, c’est une demoiselle à marier. La santé de nos enfants ne nous préoccupe pas plus que leur avenir ; et puis vous oubliez les êtres qui nous ont le plus aimé, et dont on pleure éternellement la perte.

LE BARON

Oui, votre observation est juste. La mort a été de tout temps un sujet de pensées mélancoliques ; les explications que donne la science de cet état fort admissible, ne nous satisfont pas entièrement. Admirons pourtant la nature…

MADAME DE LA ROSERAYE

Voulez-vous vous interrompre pour répondre à ma question : Votre neveu, M. de Rivailles, nous a été présenté dernièrement ; le voyez-vous quelquefois ?

LE BARON

Je ne vois plus personne, et mon neveu pas plus qu’un autre. Le comte de Rivailles et moi, d’ailleurs, nous ne nous entendrions guère. Il réunit à mes yeux deux types que je déteste : le gentilhomme sans grandeur et le soldat sans moralité. Est-ce un esprit fort ? pas même ! Des opinions de parade qu’il a juré de défendre par l’épée et par la croix