son cousin encore plus que ses propres yeux, tout beaux qu’ils étoient. Ils avoient tous deux les mêmes goûts & les mêmes occupations, les mêmes regards longs & languissans, la même chevelure, la même blancheur ; & quand Gulchenrouz se paroit des robes de sa cousine, il sembloit être plus femme qu’elle. Si par hasard il sortoit un moment du harem pour aller chez Fakreddin, c’étoit avec la timidité du faon qui s’est séparé de la biche. Avec tout cela il avoit assez d’espiéglerie pour se moquer des barbons solemnels ; aussi le tançoient-ils quelquefois sans pitié. Alors, il se plongeoit avec transport dans l’intérieur du harem, tiroit toutes les portières sur lui, & se réfugioit en sanglotant dans les bras de Nouronihar. Elle aimoit ses fautes plus qu’on n’a jamais aimé les vertus.
Or, Nouronihar, après avoir laissé le Calife dans la prairie, courut avec Gulchenrouz sur les montagnes tapissées de gazon, qui protégeoient la vallée où Fakreddin faisoit sa résidence. Le soleil quittoit l’horison ; & ces jeunes gens, dont l’imagination étoit vive & exaltée, crurent voir dans les beaux nuages du couchant les dômes de Shaddukian & d’Ambreabad54 où les Péris font leur demeure. Nouronihar s’étoit assise sur