Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dès qu’il fut jour, il courut à la prison pour faire de nouveaux efforts auprès de l’opiniâtre inconnu. Mais sa rage ne sauroit se décrire quand il vit qu’il n’y étoit plus, que les grilles de fer étoient brisées, & les gardes sans vie. Le plus étrange délire s’empara de lui. Il se mit à donner de grands coups de pied aux cadavres qui l’entouroient, & continua tout le jour à les frapper de la même manière. Ses courtisans & ses visirs firent tout ce qu’ils purent pour le calmer ; mais voyant qu’ils n’en pouvoient pas venir à bout, ils s’écrièrent tous ensemble : le Calife est devenu fou ! le Calife est devenu fou !

Ce cri fut bientôt répété dans toutes les rues de Samarah. Il parvint enfin aux oreilles de la princesse Carathis, mère de Vathek. Elle accourut toute alarmée, pour essayer le pouvoir qu’elle avoit sur l’esprit de son fils. Ses pleurs & ses embrassemens réussirent à fixer le Calife dans une même place ; & cédant bientôt à ses instances, il se laissa ramener dans son palais.

Carathis n’eut garde d’abandonner son fils à lui-même. Après qu’elle l’eut fait mettre au lit, elle s’assit auprès de lui, & tâcha par ses discours de le consoler & de le tranquilliser. Personne ne pouvoit mieux y parvenir. Vathek l’aimoit