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autres. La dispute s’échauffa ; on en serait venu aux mains sans la présence du Calife qui feignit de vouloir en juger par lui-même.

Bientôt on vit arriver une bande de ces pauvres enfants. La tendresse maternelle les avait ornés de tout ce qui pouvait rehausser leur beauté. Mais, tandis que cette brillante jeunesse attirait tous les yeux et tous les cœurs, Vathek l’examina avec une perfide avidité, et en choisit cinquante pour les sacrifier au Giaour. Alors, avec un air de bonhomie, il proposa de donner à ses petits favoris une fête dans la plaine. Ils devaient, disait-il, se réjouir encore plus que tous les autres du retour de sa santé. La bonté du Calife enchante. Elle est bientôt connue de tout Samarah. On prépare des litières, des chameaux, des chevaux ; femmes, enfants, vieillards, jeunes gens, chacun se place selon son goût. Le cortège se met en marche, suivi de tous les confiseurs de la ville et des faubourgs : le peuple suit à pied en foule ; tout le monde est dans la joie, et pas un ne se ressouvient