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gnation que sa hardiesse causait à tous les spectateurs.

Cependant le Calife, dont la tête était embarrassée, rendait justice à tort et à travers. Son premier visir s’en aperçut, et s’avisa tout à coup d’un expédient pour interrompre l’audience et sauver l’honneur de son maître. Il lui dit tout bas : Seigneur, la princesse Carathis a passé la nuit à consulter les planètes ; elle vous fait dire que vous êtes menacé d’un danger pressant. Prenez garde que cet étranger dont vous payez quelques bijoux magiques par tant d’égards n’ait attenté à votre vie. Sa liqueur a paru vous guérir ; ce n’est peut-être qu’un poison dont l’effet sera soudain. Ne rejetez pas ce soupçon ; demandez-lui du moins comme elle est composée, où il l’a prise, et faites mention des sabres que vous semblez avoir oubliés.

Excédé des insolences de l’Indien, Vathek répondit à son visir par un signe de tête, et s’adressant à ce monstre : Lève-toi, lui dit-il, et déclare en plein Divan de quelles