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et il semblait être attentif au bruit d’une cataracte d’eau noire, qu’on entrevoyait à travers l’une des portes qui était grillée. Nul autre bruit n’interrompait le silence de ces lieux lugubres. Une rangée de vases d’airain entourait l’estrade. Ôte les couvercles de ces dépôts cabalistiques, dit le Giaour à Vathek : prends les talismans qui briseront toutes ces portes de bronze, et te rendront le maître des trésors qu’elles renferment et des Esprits qui en ont la garde.

Le Calife, que cet appareil sinistre avait entièrement déconcerté, s’approcha des vases en chancelant, et pensa expirer de terreur, quand il entendit les gémissements de Suleïman, que dans son trouble il avait pris pour un cadavre. Alors, une voix, sortant de la bouche livide du prophète, articula ces mots : Pendant ma vie, j’occupai un trône magnifique. À ma droite étaient douze mille sièges d’or, où les patriarches et les prophètes écoutaient ma doctrine ; à ma gauche, les sages et les docteurs, sur