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ronihar. Le cœur palpitant et portant des regards égarés sur tous les objets, ils attendirent avec un tressaillement involontaire l’arrivée du Giaour ; mais rien ne l’annonçait encore. Un silence funèbre régnait dans les airs et sur la montagne. La lune réfléchissait sur la grande plate-forme l’ombre des hautes colonnes qui s’élevaient de la terrasse presque jusqu’aux nues. Ces tristes phares, dont le nombre pouvait à peine se compter, n’étaient couverts d’aucun toit ; et leurs chapiteaux, d’une architecture inconnue dans les annales de la terre, servaient de retraite aux oiseaux nocturnes, qui, alarmés à l’approche de tant de monde, s’enfuirent en croassant.

Le chef des eunuques, transi de peur, supplia Vathek de permettre qu’on allumât du feu, et qu’on prît quelque nourriture. Non, non, répondit le Calife, il n’est plus temps de penser à ces sortes de choses : reste où tu es, et attends mes ordres ! En disant ces mots d’un ton ferme, il présenta la main à Nouronihar, et, montant les degrés