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colline ; tous baissèrent les yeux, et restèrent consternés ; chacun se reprochait le mal qu’il avait fait : le cœur battait à Dilara ; et le chef des eunuques, d’un air contrit, demandait pardon aux femmes de ce qu’il les avait souvent tourmentées pour sa propre satisfaction.

Vathek et Nouronihar pâlissaient dans leur litière, et, se regardant d’un œil hagard, se reprochaient à eux-mêmes, l’un, mille crimes des plus noirs, mille projets d’une ambition impie ; et l’autre, la désolation de sa famille, et la perte de Gulchenrouz. Nouronihar croyait entendre dans cette fatale musique les cris de son père expirant, et Vathek, les sanglots des cinquante enfants qu’il avait sacrifiés au Giaour. Dans ces angoisses, ils étaient toujours entraînés vers le berger. Sa physionomie avait quelque chose de si imposant, que, pour la première fois de sa vie, Vathek perdit contenance, tandis que Nouronihar se cachait le visage avec les mains. La musique cessa ; et le Génie adressant la