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Samarah et de sa tour remplie de merveilles. Elle se plaisait surtout à lui faire répéter l’aventure de la boule, et celle de la crevasse où le Giaour se tenait auprès du portail d’ébène.

Le jour s’écoulait dans ces entretiens, et la nuit ces amants se baignaient ensemble dans un grand bassin de marbre noir, qui relevait admirablement la blancheur de Nouronihar. Bababalouk, chez qui cette belle était rentrée en grâce, prenait soin que leurs repas fussent servis avec la plus grande délicatesse ; c’était toujours quelques mets nouveaux ; et il fit chercher à Schiraz un vin pétillant et délicieux, encavé avant la naissance de Mahomet. On cuisait dans de petits fours pratiqués dans le roc des pains au lait que Nouronihar pétrissait de ses mains délicates ; ce qui leur donnait une saveur si fort au gré de Vathek, qu’il en oubliait tous les ragoûts que ses autres femmes lui avaient faits ; aussi ces pauvres délaissées se mouraient-elles de chagrin chez l’Émir.