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cher de cette figure tremblante et pâle, mais pourtant encore charmante à voir. Enfin, Nouronihar, d’un air moitié content et moitié affligé, leva ses beaux yeux sur lui, et lui dit : Seigneur, vous venez donc manger du riz avec moi, et entendre des sermons ? — Ombre chérie, s’écria Vathek, vous parlez ! vous avez toujours la même forme élégante, le même regard rayonnant ! Seriez-vous aussi palpable ? En disant ces mots, il l’embrasse de toute sa force, en répétant sans cesse : Mais voici de la chair, elle est animée d’une douce chaleur. Que veut dire ce prodige ?

Nouronihar répondit modestement : Vous savez, Seigneur, que je mourus la nuit même où vous m’honorâtes de votre visite. Mon cousin dit que ce fut d’une de vos œillades, mais je n’en crois rien ; elles ne me parurent pas si terribles. Gulchenrouz mourut avec moi, et nous fûmes tous les deux transportés dans un pays bien triste, et où l’on fait très maigre chère ; si vous êtes mort aussi, et que vous veniez nous