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sommes tués de désespoir de votre mort, répondit Sutlemémé. Nouronihar, qui, malgré tout ce qui s’était passé, n’avait pas oublié sa vision, s’écria : Et le Calife ? Serait-il mort de douleur ? Viendra-t-il ici ? Les nains avaient le mot, et répondirent gravement : Vathek est damné sans retour. Je le crois bien, s’écria Gulchenrouz, et j’en suis charmé ; car je pense que c’est son horrible œillade qui nous a envoyés ici manger du riz, et entendre des sermons.

Une semaine s’écoula à peu près de la même manière sur les bords du lac. Nouronihar pensait aux grandeurs que son ennuyeuse mort lui avait fait perdre ; et Gulchenrouz faisait des paniers de joncs avec les nains, qui lui plaisaient infiniment.

Pendant que cette scène d’innocence se passait au sein des montagnes, le Calife en donnait une autre chez l’Émir. Il n’eut pas plutôt repris l’usage de ses sens, qu’avec une voix qui fit tressaillir Bababalouk il