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ce moment elle erre dans les grottes avec son heureux Gulchenrouz !

Cependant le serein commençait à tomber. L’Émir, inquiet pour la santé du Calife, fit avancer la litière impériale ; Vathek s’y laissa porter sans s’en apercevoir, et fut ramené dans le superbe salon où il avait été reçu la veille.

Mais laissons le Calife livré à sa nouvelle passion, et suivons sur les rochers Nouronihar, qui avait enfin rejoint son cher petit Gulchenrouz. Ce Gulchenrouz était le seul enfant d’Ali Hassan, frère de l’Émir, et la créature de l’univers la plus délicate, la plus aimable. Depuis dix ans son père était parti pour voyager sur des mers inconnues, et l’avait confié aux soins de Fakreddin. Gulchenrouz savait écrire en différents caractères avec une précision merveilleuse, et peignait sur le vélin les plus jolies arabesques du monde. Sa voix était douce, et il l’accordait avec le luth de la manière la plus attendrissante. Quand il chantait les amours de Meignoun et de Leilah, ou de