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quins et des cages, et laissa les pauvres dames exposées à toutes les fureurs de l’orage. L’obscurité du ciel augmentait la terreur de cette nuit désastreuse : aussi n’était-ce que miaulements des pages et pleurs des demoiselles.

Pour surcroît de malheur, on entendit des rugissements effroyables, et bientôt on aperçut dans l’épaisseur des forêts des yeux flamboyants, qui ne pouvaient être que ceux de diables ou de tigres. Les pionniers qui préparaient le chemin du mieux qu’ils pouvaient, et une partie de l’avant-garde, furent dévorés avant que de pouvoir se reconnaître. La confusion était extrême ; les loups, les tigres et les autres animaux carnassiers, invités par leurs compagnons, accouraient de toutes parts. On entendait partout croquer des os, et dans l’air un épouvantable battement d’ailes ; car les vautours commençaient à se mettre de la partie.

L’effroi parvint enfin au grand corps de troupes qui entourait le Monarque et son