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pots remplis de scorpions. On pense bien que tout cela mordait à merveille. Carathis faisait semblant de ne pas s’en apercevoir, et personne n’osait bouger. Lorsqu’elle voyait que les convives allaient expirer, elle s’amusait à panser quelques plaies avec une excellente thériaque de sa composition ; car cette bonne Princesse avait en horreur l’oisiveté.

Vathek n’était pas aussi laborieux que sa mère. Il passait son temps à tirer parti des sens dans les palais qui leur étaient dédiés. On ne le voyait plus ni au Divan, ni à la Mosquée ; et pendant qu’une moitié de Samarah suivait son exemple, l’autre gémissait des progrès de la corruption.

Sur ces entrefaites revint l’ambassade qu’on avait envoyée à la Mecque, dans des temps plus pieux. Elle était composée des plus révérends Moullahs. Leur mission était parfaitement remplie, et ils apportaient un de ces précieux balais, qui avait nettoyé le sacré Cahaba : c’était un présent vraiment digne du plus grand prince de la terre.