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dans un pays où les inquisitions florissaient encore. Ses amis l’engagèrent à braver quelques obstacles, et lui montrèrent la gloire que la postérité réserverait à ses efforts. Il commença son traité à vingt-quatre ans, et publia d’abord, deux ans plus tard, en 1762, y un livre intitulé : Du désordre des monnaies dans les états de Milan, et des moyens d’y remédier.

Cet utile ouvrage fit du bruit ; il ouvrit les yeux du gouvernement Milanais, sur la nécessité d’une réforme monétaire, qui était depuis long-temps indispensable. On le réimprima à Lucques ; et sans doute la traduction trouverait en France des lecteurs ; mais on ne pourrait l’apprécier à sa juste valeur, parce que l’intérêt qu’il présente est tout-à-fait local. C’est ainsi que nous lisons peu l’histoire de Port-Royal du grand Racine, tandis que nous savons ses tragédies par cœur.

C’est dans la même année 1762, que Beccaria, désolé de voir que sur une population de cent vingt mille âmes, la ville de Milan offrît à peine alors « vingt personnes qui aimassent à s’instruire, et qui sacrifiassent à la vérité et à la vertu, » s’occupa de former une société de philosophes, qui employèrent tous leurs efforts à répandre les lumières parmi leurs concitoyens.

À la tête de cette société d’amis des hommes, Beccaria voulut faire pour son pays ce que Addisson avait fait en Angleterre, en publiant le Spectateur.